Questionnaire épicurien de Gérard FABRE, avec Alain DELPRAT

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Importateur de fruits et de légumes à Perpignan depuis trente ans, Gérard Fabre est un épicurien assumé. Un passionné de cuisine qui prône la qualité et le bon sens avant tout. Nous l’avons rencontré en compagnie d’Alain Delprat, Jean Plouzennec et Henri Ronde le temps d’un questionnaire épicurien.

Vous êtes importateur de fruits et de légumes… 
Oui. J’ai créé l’entreprise Top Fruits il y a trente ans. Ma famille était déjà dans l’import depuis plusieurs générations. Nous sommes situés à Perpignan, sur la plate-forme Saint-Charles qui est la première plate-forme européenne de fruits et légumes.
C’est nous qui fournissons environ 50 % de ce qui est consommé en Europe. Nous sommes le point d’entrée vers toute l’Europe avec l’Espagne et le Maroc qui sont finalement nos jardins en termes de production.

Consommer local, bio… en tant qu’importateur, qu’en pensez-vous ?
Déjà, il ne faut pas croire tout ce que l’on entend. Je suis importateur, mais je distribue aussi des produits français. Dans tous les cas, les productions sont contrôlées. Nos sites
sont certifiés et même à l’étranger. Je suis constamment sur place pour mener des audits de qualité avant de référencer chaque nouveau producteur. Il faut consommer local mais
dans la mesure où c’est cohérent. Par exemple en Bretagne, il y a des cultures de tomates qui sont chauffées et c’est un désastre écologique. Tout cela pour ne pas importer des
produits espagnols qui, eux, sortent de terre sans chauffage. Aujourd’hui on voit beaucoup de productions bio, mais certaines sortent hors sol, sous serres… je crois que c’est le bon,
la qualité, qui doivent être privilégiés. Il y a d’autres démarches qui sont très écologiques et très respectables.

Comment avez-vous connu le travail d’Alain Delprat qui nous reçoit aujourd’hui ?
Je suis client du Yucca depuis très longtemps. C’est un peu ma cantine ici ! (Rires) J’aime sa cuisine méridionale, sa manière de revisiter des plats traditionnels avec toujours un soupçon de modernité. Ici j’ai découvert des saveurs que je ne connaissais pas. Et avec le temps, nous avons sympathisé.

Je crois savoir que vous avez même eu droit à un cours de cuisine très privé…
Tout à fait ! Un cadeau de mes enfants. La cuisine, c’est ma passion ! Je suis venu passer une après-midi avec Alain et nous avons cuisiné une recette autour du poisson. J’ai beaucoup appris ce jour-là.

Comment cet amour pour la cuisine vous est–il venu ?
C’est quelque chose qui m’a été transmis par mes parents. Les deux cuisinaient beaucoup, il n’y avait jamais de cuisine rapide à la maison. Et j’ai continué en ce sens, j’ai toujours voulu préparer de la bonne cuisine maison à ma famille. Je suis très attaché à la notion de qualité des produits.

Qu’aimez-vous cuisiner ?
J’adore les riz et à toutes les sauces ! En risotto, en paëlla… J’aime beaucoup le poisson, tout ce qui vient de la mer.

Une recette que vous faites souvent ?
En famille, j’adore préparer des Saint-Jacques snackées au beurre accompagnées d’un risotto.

 

Quelle serait votre madeleine de Proust ?
La daube. J’ai encore l’odeur en tête. Les pieds paquets. La ratatouille… je suis originaire de Marseille.

 

 

Quel serait votre meilleur souvenir de gastronomie ?
Chez Anne-Sophie Pic à Valence. Ou plus récemment hier chez Gilles Goujon. Ce sont des moments uniques. Mais je n’aime pas que les étoilés ! J’apprécie tout autant une cuisine
familiale bien élaborée, avec de bons produits. En France on a beaucoup de chance pour ça, comme dans le sud de l’Espagne c’est incroyable.

Vous qui voyagez beaucoup, comment jugez-vous la gastronomie française ? 
Chaque fois que je voyage, les premiers jours, je prends plaisir à découvrir une autre gastronomie que la nôtre. Mais j’ai rapidement la nostalgie de notre bonne cuisine française. En France, on change de région, on change de cuisine, de produits, on a une diversité inouïe, des façons de faire différentes. C’est une richesse incroyable.

Si vous deviez faire découvrir une spécialité d’ici, de quoi s’agirait-il ?
Je dirais les escargots qui sont quand même une référence ici, car nous avons une manière bien à nous de les cuire, de les manger : la Cargolade ! C’est un travail d’orfèvre qui prend beaucoup de temps.

Y a-t-il une table que vous rêveriez de découvrir ?
Oui, celle du chef espagnol, Ángel León, Aponiente, dans la région de Cadix.

Et le vin dans tout cela?
Je suis amateur, je n’ai pas la prétention d’être collectionneur. Je ne suis pas chauvin, on boit du bon vin partout aujourd’hui, mais j’aime les vins d’ici car leur terrain d’expression est sans limite. Un bon repas s’accompagne forcément d’une bonne bouteille ! (Rires)