Questionnaire épicurien de Pascal ROY avec David VINCENT

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Dans l’ambiance intimiste du Patio Catalan à Thuir, Pascal Roy, pianiste de talent et ancien chef de cuisine, captive l’audience non seulement avec ses mélodies envoûtantes mais aussi avec son parcours épique. L’homme qui maîtrise les notes autant que les épices y offre régulièrement un spectacle où la musique rencontre le goût, le rire et la convivialité. C’est en compagnie du chef David Vincent et de son épouse Carole, que le pianiste a répondu au questionnaire épicurien des Toques Blanches, révélant les multiples couches de son art et sa passion pour la gastronomie. Une interview qui se déguste comme un plat finement composé, où chaque réponse révèle une saveur nouvelle de cet artiste aux multiples talents. Alors, laissez-vous emporter par cette symphonie de confidences où chaque note joue le goût de la vie.

Chefs d’oc : Comment vous connaissez-vous ?

David VINCENT : On se connaît depuis un petit moment. Je l’ai invité à venir animer des soirées et cela a été un succès. L’été il vient tous les quinze jours, il s’installe sur la terrasse sur la place et c’est un carton. Pascal est musicien, il joue du piano mais il fait plus que ça !

C’est-à-dire ?

Pascal ROY : Je joue, j’anime, je me travestis, je chante, j’interagis avec les clients, je fais de la “clownerie”. Je me moque de moi, de ma femme, quand elle n’est pas là, bien sûr ! (Rires) Ce n’est pas que de la musique ! C’est un show.

David VINCENT : Quand il joue Polnareff, on a l’impression
que c’est Polnareff.

Tournez-vous partout dans la région ?

Pascal ROY : Oui même chez d’autres membres des Toques Blanches mais aussi pour des particuliers, des associations, des clubs, des cabarets… Je joue partout en France, à l’étranger aussi. Je pars bientôt au sud de l’Espagne.

On est curieux de connaître votre histoire…

Pascal ROY : Je suis originaire de l’île d’Oléron. Je fais du piano depuis 50 ans ! Aujourd’hui je ne fais plus que cela, mais en parallèle, auparavant, j’étais chef de cuisine. J’ai fait une école hôtelière classique. J’ai eu des affaires ici dans la région, que j’ai vendues, et j’ai arrêté ce métier pour ne plus faire que de la musique.


Avez-vous un répertoire ?

Pascal ROY : Je fais dans le populaire, afin que les personnes s’identifient. Des artistes aussi bien français qu’anglais. Je ne fais rien d’original mais je retravaille tous les morceaux.

Pourquoi aimez-vous jouer dans des restaurants ?

Pascal ROY : J’aime bien la proximité. Je n’aime pas être loin sur une scène. Et puis il y a du challenge. Jouer du piano dans un restaurant, c’est compliqué. Parce que les gens mangent, il ne faut pas les déranger. Si vous avez un couple qui se joue la romance avec la main dans la main et que vous jouez trop fort, ils ne peuvent plus parler. Ils ne s’entendent pas. Il faut être là sans être là… il faut justement trouver cet équilibre.

Vous jouez au Patio Catalan, j’imagine que vous connaissez bien la cuisine du chef…

Pascal ROY : Ici, j’aime bien manger avec le personnel (Rires). Non, ici on mange bien, la cuisine est généreuse et l’endroit est incroyable.

Quel est votre rapport à la gastronomie ?

Pascal ROY : Elle est essentielle. Moi j’aime bien manger, tous les jours. Je veux bien manger à chaque repas, je suis prêt à me priver de partir en vacances, pour bien manger dans mon quotidien.

Que signifie “bien manger” pour vous ?

Pascal ROY : C’est cuisiner, choisir de bons produits. Je ne mange pas des plats tout prêts ! C’est impossible.

Est-ce quelque chose que vous cultivez depuis toujours ?

Pascal ROY : Oui. Je viens d’une famille modeste. Ma mère cuisinait. Quand on rentrait de l’école, il n’y avait pas de pain au chocolat ou de gâteau industriel. Elle avait préparé des sablés maison avec de la crème pâtissière. Elle confectionnait des tartes, des tartines de beurre avec des fraises écrasées.

Avez-vous une madeleine de Proust justement ?

Pascal ROY : La brandade de morue. Je la fais encore. Servie dans des croustades… Le lapin aux oignons.

Quel lien faites-vous entre la cuisine et la musique ?

Pascal ROY : Le côté artistique. Une assiette, c’est un tableau. Et l’émotion !

Si votre musique était un plat, qu’est-ce que ce serait ?

Pascal ROY : Il faudrait que ça swingue, que ça balance ! Qu’il y ait du goût ! Ce serait un plat de caractère, de la puissance.

Pour vous qui n’êtes pas de la région et qui avez appris à la connaître, y a-t-il quelque chose d’ici que vous appréciez particulièrement ?

Pascal ROY :C’est intéressant. Ici j’ai découvert toute une culture que je trouve incroyable, elle est extraordinaire. Il y a même une langue ! Un passé très riche. La cuisine, les tissus, les chaussures, la danse, la musique… Et puis les Catalans font des fêtes pour tout ! La fête de l’huile, la fête de l’ail, de l’escargot… Tout est prétexte à se réunir, à partager et je trouve cela génial. Je me suis toujours bien senti ici. Je suis un grand fan de la cargolade. À Saint-Cyprien, j’en ai mangé une réalisée dans la graisse de canard… c’était
incroyable.

Quelque chose que vous n’auriez pas encore essayé ?

Pascal ROY : Une ouillade. Mais je veux que ce soit fait chez l’habitant dans les règles de l’art.

Quel serait votre souvenir le plus mémorable en termes de gastronomie ?

Pascal ROY :Je vais parler un peu de ma région. Les moules grillées par terre, ce que l’on appelle une éclade de moules. C’est le souvenir marquant de mon enfance.

Et le vin dans tout cela ?

Pascal ROY :J’aime les vins de caractère, les cépages de Grenache, de Syrah. Les robes foncées… pas forcément passés en fût de chêne. Les vins d’ici ont beaucoup de goût.

Quand vous jouez, que buvez-vous ?

Pascal ROY : De l’eau, pas d’alcool. Mais un bon repas, ça s’accompagne forcément d’un bon vin.

Un endroit où vous aimeriez aller manger ?

Pascal ROY : J’aurais aimé aller manger chez Bocuse du temps de son vivant. C’est presque un pèlerinage quand on est un peu issu de ce métier

En tant que musicien, qu’est-ce qui vous fait rêver aujourd’hui ?

Pascal ROY : Jouer encore.