Pierre ESPEJO, le gardien du Barbu du Roussillon

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Dans la commune de Pia, au cœur des Pyrénées-Orientales, s’épanouit une histoire de blé pas comme les autres. Ici, Pierre Espejo, son frère Lionel et sa femme Bérengère œuvrent à la réhabilitation d’une céréale d’antan, le “Barbu du Roussillon”. Nous l’avons rencontré en compagnie d’Henri Poch, boulanger Meilleur Ouvrier de France, qui ne tarit pas d’éloge sur cette céréale locale avec laquelle il pétrit certains de ses pains.

Initialement maraîcher, Pierre a entrepris une mutation vers l’agriculture céréalière il y a déjà une dizaine d’années. “J’ai commencé le maraîchage parce que cela me plaisait, et puis j’ai commencé à cultiver de l’herbe, et ça m’a plu. Désormais, je cultive 60 hectares de prairie en rotation pour éviter l’appauvrissement du sol avec 20 hectares de céréales. Petit à petit, j’ai changé de voie”, explique Pierre. Et quelle voie ! Celle de la réhabilitation d’un blé ancestral, le Barbu du Roussillon, cultivé et moulu, et qui trouve écho jusqu’aux étagères des Biocoop du département et aux pétrins d’artisans boulangers comme Henri Poch. “Les variétés anciennes ont beaucoup de particularités. Elles sont plus digestes, elles ont des racines plus profondes et une vraie notion de terroir au niveau gustatif”, affirme Pierre. “Dans le Barbu, il y a davantage de protéines solubles à l’inverse des variétés modernes. Donc, on a des digestibilités meilleures”, confirme Henri. La collaboration avec le boulanger est loin d’être un hasard. “Je travaille son Barbu depuis qu’il a commencé il y a une dizaine d’années. Avec lui, je peux réaliser un pain qui est nourrissant et qui est bon pour la santé”, indique Henri, convaincu que le Barbu du Roussillon a une place de choix dans les pâtes levées du futur. “Il faut vraiment valoriser pour arriver à se tirer un salaire sur une exploitation aussi petite”, ajoute-t-il. Le choix du bio, l’absence de traitement chimique, et un moulin installé sur l’exploitation permettent de garantir la qualité supérieure du produit.

Les grains sont même stockés à 15° dans une chambre froide spéciale pour éviter toute dégradation. “On prélève du stock pour alimenter le moulin tous les jours et en fonction
de la demande”, explique-t-il.

Si l’avenir est incertain, “notre problématique aujourd’hui, c’est l’eau”, confie Pierre. “On n’a jamais connu une année comme celle-ci. L’année dernière on a eu une bonne production, ce qui va nous permettre d’arriver je pense jusqu’au mois de mars. Mais on n’en aura pas suffisamment pour couvrir les besoins de l’année à venir avant la prochaine moisson”. Malgré tout, la volonté de persévérer dans cette voie est palpable. Une preuve de résilience. En mêlant tradition et modernité, Pierre Espejo et sa famille donnent au terme “barbu” une tout autre saveur, aussi croustillante qu’un pain tout juste sorti du four d’Henri Poch.

Infos :
ESPEJO Pierre, Lionel et Bérengère
3, av. de Rivesaltes – 66380 PIA